Martial KOUNOU
9 février 2015
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« Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et n'aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil ?» Mathieu 7 :3
Pour faire passer certains de ses messages, Jésus a souvent utilisé la pédagogie de la Parabole. Dans la parabole dite de la paille et de la poutre, il utilise une image assez frappante. Il compare en effet, la poutre à la paille qui n’en est qu’un détail marginal, une minuscule partie, une particule.
Ainsi, voir la paille dans l’œil du frère revient à le juger, à s’attarder sur ses défauts et à les exagérer indûment. C’est ainsi faire écran à ses propres manquements, les dissimuler pour paraître aux yeux des autres comme un modèle. Voir la paille dans l’œil du frère, c’est le critiquer. La critique est ainsi l’un des problèmes qui minent et détruisent notre société.
En effet, les membres du même gouvernement saisissent les occasions où ils se retrouvent par petits groupes pour commenter exagérément les travers de leurs autres collègues et même de leur chef ; des collègues de bureau ne manquent pas d’occasions pour parler mal les uns des autres ; les membres d’une même famille se lancent dans cet exercice à fort potentiel de destruction ; le mari critique parfois son épouse et vice-versa; les enfants pointent du doigt et s’attardent sur les défauts de leurs parents; des diacres d’un même comité paroissial succombent à la tentation de la critique, etc.
Quel que soient le contexte et les mobiles de cette pratique, elle est socialement mauvaise et spirituellement dangereuse pour celui qui s’y adonne. Ainsi, en même temps qu’elle contribue à crisper l’environnement social et à détériorer les relations que l’on entretient avec les autres, la critique constitue un frein au développement personnel. En effet, dans la mesure où celui qui s’attarde sur les défauts des autres (la paille) nie les siens propres (la poutre) ou qu’il est paresseux à les identifier pour les corriger, il se lèse d’une occasion de s’améliorer, d’amender ses propres travers, et se cristallise dans une démarche qui le prive de toute possibilité d’évolution.
A cet égard, la parabole de la paille et de la poutre rappelle celle de la dette qui est relatée dans Mathieu 18 :23 à 35. Il s’agit ici d’un serviteur à qui son maître a remis une dette s’élevant à 10.000 talents face à son insolvabilité. Au lieu de faire preuve de la même compassion vis-à-vis de celui sur qui il détenait une créance de 100 deniers, il mit ce dernier en prison. Il s’attira ce faisant la colère de son propre créancier magnanime qui le jeta à son tour en prison et l’y garda jusqu’à remboursement total de sa dette.
Comme nos sociétés se porteraient mieux si chacun s’employait plutôt à identifier ses propres défauts et à prendre le temps de les améliorer ! Comme le climat social dans les entreprises, les églises, les ministères, les bureaux, les familles, les foyers et partout serait beaucoup plus convivial si nous considérions moins l’objectif de notre index que la personne que désignent les quatre autres doigts ! La critique est un écran destiné à cacher les défauts de celui qui s’y adonne. Elle cache ainsi un autre vice aux manifestations beaucoup plus subtiles mais aux conséquences aussi néfastes, à savoir l’hypocrisie.
L’exercice auquel nous invitent les paraboles de la paille et de la poutre et celle de la dette est que nous apprenions à nous sonder nous-mêmes et à nous accuser de nos propres manquements, de nos perfidies et de ce qui en nous est perfectible. La transformation qui fera de notre société un endroit beaucoup plus agréable à vivre ne doit pas forcément venir des autres. Elle peut et doit venir de nous car parfois, il suffit que nous changions notre perception de la vie et des autres pour que la vie prenne d’autres couleurs plus agréables.
Si notre seule force ne suffit pas à nous délivrer de la critique et de l’hypocrisie, appelons Dieu à notre secours. Il est disponible pour nous aider à être le changement que nous recherchons dans le monde.