Martial KOUNOU
16 septembre 2018
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‘’Quiconque met la main à la charrue, et regarde en arrière, n’est pas propre au royaume de Dieu’’. Luc 9 :62
Pendant 400 ans, Israël aura été privé de la jouissance de ses droits élémentaires en Egypte, le pays de sa servitude. Ses cris répétés parvinrent aux oreilles de Dieu qui lui suscita, à sa grande satisfaction, un libérateur en la personne de Moise. Grâce à sa persévérance et sa foi en son Dieu, ce grand leader réussit à affaiblir la résistance de Pharaon et à le décider à laisser partir le peuple de Dieu. La marche dans le désert ne fut certes pas aisée, mais l’Eternel fut à tout moment avec son peuple, le guidant de jour comme de nuit.
Cette sollicitude divine n’empêcha pas cependant les enfants d’Israël en certaines occasions de murmurer contre Moise et de pousser l’ingratitude à leur Dieu à l’extrême en regrettant d’avoir été sortis d’Egypte où ils disent aimer mieux servir les Egyptiens que de mourir au désert (Exode 14 :12 et Exode 16 :3). Curieux, n’est-ce pas ? Mais n’allons pas trop vite en besogne de critique contre les enfants d’Israël car qui sait si, dans les mêmes conditions, notre plainte n’aurait pas été sinon plus sévère, du moins identique à la leur ?
En effet, aujourd’hui, beaucoup de chrétiens ne se contentent plus d’une simple nostalgie de leur vie passée sans Dieu ; ils franchissent d’abord un premier pas en convoitant puis en mûrissant longuement la possibilité de retourner en Egypte, une Egypte où pourtant leur malaise fut tel qu’ils durent l’abandonner pour venir se remettre et se soumettre à Jésus en le confessant publiquement à l’occasion de leur baptême d’eau. Alors que certains s’arrêtent à cette étape et se convainquent du caractère irrationnel de leur projet, d’autres font un pas supplémentaire et assurément le plus négativement décisif en passant de la pensée à l’action.
Lorsque vous prenez le temps d’écouter ceux qui opèrent de ses revirements spectaculaires, ils vous diront comment leurs problèmes sont restés irrésolus en dépit de leur constante dépendance de Dieu, comment ils ne se sentent pas considérés dans l’assemblée qu’ils fréquentent, comment les amis ‘’du monde’’ sont encore plus aimables que les frères et sœurs chrétiens, comment l’amour fait cruellement défaut au corps de Christ.
Il est évident que des raisons ne manqueront jamais à qui veut vraiment tourner casaque. Ce qui est pénible à comprendre, c’est comment des hommes et des femmes sensés peuvent trouver l’eau propre, la source d’eau vive et lui préférer l’eau crasseuse ! Platon avait donc raison de dire‘’on peut aisément pardonner à l’enfant qui a peur de l’obscurité. La vraie tragédie de la vie, c’est lorsque les hommes ont peur de la lumière.’’
Ce que le Seigneur attend de nous, c’est que notre volonté de le suivre soit ferme et indépendante des circonstances car, quelques autres biens que nous recevrons du Seigneur, aucun ne vaudra jamais plus que le salut qu’il nous a acquis au prix de sa vie. La marche avec Dieu implique la renonciation à soi et l’acceptation de porter notre croix ainsi que l’engagement à le suivre (Math. 16 :24). Jésus ne disait-il pas dans Luc 9 :62‘’Quiconque met la main à la charrue, et regarde en arrière, n’est pas propre au royaume de Dieu’’.
Nous avons un bel exemple du type d’engagement que Dieu attend de nous avec Elisée dans 1 Rois 19 :21. Elisée labourait un champ lorsqu’Elie le rencontra. Avant de suivre Elie, Elisée prit une paire de bœufs, l’offrit en sacrifice et, avec l’attelage utilisé pour faire travailler les bœufs, il fit cuir la chair. L’un des messages qu’il envoya ainsi était sans équivoque et signifiait qu’il coupait résolument le pont entre sa vie de ce moment-là et celle à laquelle il venait d’être appelé ! Il marquait ainsi son choix irréversible d’avancer avec son nouveau maître quels que soient les aléas qui se dresseraient devant lui ; il n’envisageait pas le retour à sa vie de cultivateur comme une alternative.
Puissions-nous, comme lui, résister ainsi à la tentation de retourner à l’Egypte !