Crépin ADEROMOU
12 août 2013
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« Veillez donc, puisque vous ne savez ni le jour, ni l’heure » Matthieu 25 : 13
Voilà la conclusion de Jésus Christ après l’histoire des dix vierges. Armées de leur lampe, elles étaient toutes sorties à la rencontre de l’époux. Seules cinq d’entre elles eurent la sagesse de prendre de l’huile en réserve. L’époux ayant tardé plus que prévu, elles s’assoupirent toutes. Lorsqu’on annonça l’arrivée de l’époux, elles se réveillèrent de leur sommeil. Cinq d’entre elles ne purent allumer leurs lampes faute d’huile. Elles firent alors appel à la notion de ‘’solidarité féminine’’ mais ne furent pas entendues de leurs ‘’consœurs ’’ qui leur suggérèrent d’aller en acheter. Le temps qu’elles s’approvisionnent, c’était trop tard : l’époux était arrivé et les noces avaient débuté.
En lisant cette histoire de la bible, il m’est déjà arrivé de me demander si véritablement les cinq vierges sages n’auraient pas pu agir autrement à l’égard de leurs ‘’sœurs’’ ? Est-ce vrai qu’elles ne pouvaient pas du tout partager cette huile avec les autres qui visiblement étaient dans le besoin ?
Mais il n’y a pas si longtemps, je suis tombé sur une autre histoire de lampe. C’est l’histoire d’un garde côte qui a choisi le contre-pied de la réaction de ces cinq vierges sages. Ce garde côte avait pour mission de garder allumée la lampe placée au bout d’un épi rocailleux aux larges des côtes de son pays. C’était l’époque où les ports ne disposaient pas encore des équipements de navigation et de communication modernes permettant de localiser les obstacles et d’accoster avec précision. On aménageait alors un épi s’étendant à près d’un kilomètre de la côte et au bout duquel se trouvait haut perchée une lampe pour servir de signalement et guider les navires.
Notre homme recevait sa provision d’huile tous les mois afin de maintenir la lampe allumée à tout instant. Sa demeure n’étant pas si éloignée de la côte, il recevait souvent la visite des habitants du village. C’est ainsi qu’un soir, il reçut la visite d’une femme. Il faisait un froid de chien et elle voulait que le garde côte lui donnât un peu de son huile pour alimenter le système de chauffage de sa maison. Ainsi, sa famille et elle pourraient survivre à cette nuit d’hiver. Une autre fois, ce fut le tour d’un père de famille d’en demander aussi pour éclairer sa maison. Un autre en voulait pour lubrifier une roue coincée. Puisque chacune de ces requêtes paraissaient légitimes, le cœur compatissant de notre garde côte ne put s’empêcher de céder. Il essaya de satisfaire tout le monde.
Vers la fin du mois, il remarqua que sa provision d’huile était au plus bas de son niveau. Le surlendemain, il n’en restait plus : la lampe s’éteignit. Cette nuit là, plusieurs navires coulèrent et on dénombra des pertes en vies humaines. Après les investigations recommandées par les autorités, le garde côte était très repentant. Face aux excuses avancées et à son plaidoyer, les autorités n’eurent qu’une seule réponse : ‘’la seule raison pour laquelle nous te fournissions l’huile, c’était pour garder cette lampe allumée’’. Le jugement fut alors sans appel.
Notre garde côte semble avoir oublié la mission première pour laquelle cette huile lui était régulièrement livrée : toujours maintenir la lampe allumée pour assurer une navigation maritime aisée. Les cinq vierges sages quant à elles n’avaient pas oublié la raison principale pour laquelle elles avaient pris de l’huile en réserve : participer à la ‘’gloire’’ de l’époux. C’est là toute la différence.
Aujourd’hui encore, emballés dans le tourbillon vertigineux des occupations/responsabilités qui sont les nôtres, nous courons après d’autres objectifs et donnons l’impression d’avoir oublié cette raison principale pour laquelle nous avons été sauvés ; nous semblons avoir rangé dans les tiroirs de l’oubli, cette raison pour laquelle nous avions prié et obtenu ce contrat, ce travail, cette promotion, ce mariage, cet enfant, cette maison, etc. Redéfinissons les priorités et allons à l’école de ces vierge : faisons tout pour la gloire de Dieu, Préparons-nous à la rencontre du Seigneur ! Bonne semaine de travail à toutes et à tous.