Martial KOUNOU
16 mai 2011
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« Qui es-tu, qui juges le prochain ? » (Jacques 4, 12). « Qui es-tu pour juger un serviteur d’autrui ? » (Romains 14, 4). « Ne jugez point, et vous ne serez point jugés » Luc 6 :37
Pour définir le verbe juger, le dictionnaire Hachette propose quelques formules dont les suivantes : ‘’décider comme un arbitre’’, ‘’se faire ou émettre une opinion sur’’, ‘’porter une appréciation sur’’. Comme un miroir, ces définitions nous renvoient nos propres images, images d’hommes et de femmes qui, à des moments donnés de leur vie, se sont érigés en juges pour apprécier leurs semblables. Et pourtant, sans détour, ni circonlocution, la Bible nous rappelle à maints endroits qu’elle n’est pas nôtre la prérogative de juger notre prochain. Ce fut d’abord Jésus dans Luc 6 :37. Vinrent après l’apôtre Paul dans l’épitre aux Romains et Jacques. Bien que les différents versets présentent quelques subtilités, leurs auteurs restent unanimes sur une chose : il n’est pas de notre ressort de juger nos semblables. Mais pourquoi ? Serons-nous tentés de dire.
Chers aimables lecteurs, ne vous est-il pas déjà arrivé de porter un jugement sur un fait et de découvrir par la suite que vous n’en maîtrisiez pas tous les aspects ? Sinon n’avez-vous pas, quelquefois, porté d’appréciations fermes sur un événement pour constater après que votre connaissance du sujet était incomplète, imparfaite ? Fort probablement, vous avez été amené à émettre une opinion sur un homme ou sur une femme sur la base de certaines données. Subséquemment, l’arrivée d’autres informations vous a mis devant l’évidence que vous n’aviez pas été justes dans votre jugement. Si ce n’est à vous, cela m’est déjà arrivé. C’est pourquoi les personnes sages sont lentes à porter des jugements, conscientes qu’elles ne sont pas en présence de toutes les données nécessaires à leurs analyses et à des conclusions.
Dieu sait que nous sommes des êtres humains limités aussi bien dans le temps que dans l’espace. Il sait que notre connaissance de notre prochain ne peut qu’être parcellaire car l’Homme est un iceberg dont la partie connue/émergée ne représente qu’une fraction infiniment petite de celle qui est immergée. Ainsi, croire connaître l’Homme et vouloir porter un jugement de valeur sur lui, c’est assurément courir aux devants des erreurs plus ou moins graves.
Qui suis-je pour juger un semblable à moi? Qui suis-je pour porter une appréciation de valeur sur le serviteur d’un autre ? Qu’il agisse bien ou mal, n’est-ce pas un problème entre son maître et lui ? Est-ce que j’ai quelque connaissance des accords qu’ils ont eus et des indicateurs de performance qu’ils ont convenus pour apprécier quelque comportement du Serviteur? Il est à imaginer qu’en nous demandant de ne pas juger, Jésus voulait nous montrer que nous sommes des êtres trop imparfaits pour espérer porter des appréciations sans erreur sur nos semblables. Il voulait nous mettre à l’abri du péché inhérent au fait de parler de choses qu’on ne connaît que peu ou pas du tout.
Cependant le « ne jugez point » de Jésus ne doit pas être pris comme une mise à la retraite ou à la quarantaine de notre esprit critique qui nous permet par exemple de distinguer entre le faux et le vrai, l’ivraie et le bon grain, la vérité et le mensonge. Il faut simplement comprendre cette parole comme étant synonyme de ‘N’adoptez pas une attitude critique qui cherche l’erreur.’ ‘Ne critiquez pas de manière irréfléchie’, ‘Ne posez pas un jugement sur un frère en le condamnant sans aucun fondement’.
Sachons faire preuve de discernement pour ne rien faire qui nous condamne nous-mêmes. Que le Seigneur bénisse sa parole dans notre cœur tout au long de cette semaine. Soyez bénis!